Chloe Sells : The Place of the Dry, Dry

De mars à juin 2020, la galerie Miranda a eu la plaisir de présenter les récents travaux de Chloe Sells. Ell a réalisé ces œuvres autour des lacs de sel Makgadikgadi Salt Pans, au Botswana. Le livre d'artiste SWAMP (ed. Gost Books, 2016) réunit l'ensemble de ce travail.

"Roulant vers la chaleur blanche et brulante du désert, je guettais des palmiers solitaires qui longent les rives des fleuves infidèles qui marquent le début des Makgadikgadi Salt Pans. M’engageant un sentier bien battu qui mène vers une grande savane, j'ai ensuite suivi deux lignes à peine visibles qui traçaient une route à travers les herbes épineuses, jusqu'à ce que, soudain, une rive se présente devant mes yeux. Le reflet du soleil couchant rendait l'eau opalescente et des milliers d'oiseaux remplissaient le ciel, leur chant porté à mes oreilles par la brise.

Les Makgadikgadi Salt Pans se trouvent dans le Désert du Kalahari au Botswana. Vus de l'espace, ils ressemblent à des grosses tâches blanches sur la surface de la Terre, on dirait des tâches de naissance. La première fois j’y suis venue pour voir les flamands roses, mais j'y suis retournée pour autre chose. Debout au bord de l'eau, je me suis demandée si je pouvais photographier cette beauté, tout simplement. Le critique d'art Dave Hickey écrit que "l'utilité légitime de la beauté se trouve dans sa capacité à nous réunir, en tant qu'êtres physiques et vivants, dans une relation éthique avec d'autres êtres humains dans le monde physique.”

Remplis d'eau, les Makgadikgadi Salt Pans ressemblent à un océan, mais il suffit de quelques jours seulement pour que l'eau s'évapore laissant une terre craquelée comme la peau d'un éléphant. Où que l’on regarde, la vue est identique; on est désorienté. Pas loin il y a des lions du Kalahari, à moins qu’ils ne soient tout près, cachés, dorés dans les herbes dorées.

À chaque visite aux Makgadikgadi Salt Pans, une vista panoramique et kaléidoscopique s'offre à moi, vista que j'ai interprétée pendant des jours de prises de vues photographiques et, ensuite, des mois passés en chambre noire. Photographier un même lieu de manière répété m'a permis de méditer sur les questions de l'infini, en moi et à l’extérieur.

Dans l'obscurité de la chambre noire, le silence est palpable et, en manipulant les règles de la chimie photographique, image et imagination se confondent. Le processus de tirage est à la fois réfléchi et spontané; malgré un espace réduit, le travail est physique. La répétition permet un mouvement d'aller-retour entre temps et mémoire ; la couleur exprime l'émotion. Les textures surimposées retracent les contours géographiques ; les bords irréguliers des tirages, coupés dans l'obscurité à partir de rouleaux de papier de 50m de long, rappelle que notre vision du monde n'est pas rectangulaire, symétrique. À certaines images j'apporte une couche supplémentaire d’expression en encre, peinture et feutre. Chaque image est un jeu entre ce qui est fixe et ce qui est en mouvement ; chaque œuvre est unique.

Née en 1976 à Aspen dans le Colorado (États-Unis), Chloe Sells pratique la photographie depuis 1993. Diplômée en Beaux Arts de la Rhode Island School of Design, elle a ensuite obtenu un Masters à Central St. Martins à Londres. Son travail a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles et collectives aux Etats Unis, en Angleterre et en Europe et Sells est l'auteur de deux livres remarqués, Swamp (2016) et Flamingo (2017), tous deux édités par GOST Books. Elle vit entre Londres, où se trouve sa chambre noire, et Maun, au Botswana, où se trouve sa maison. Elle photographie avec un appareil Contax 645 et un Linhof 4x5. Elle développe elle-même ses pellicules en chambre noire, à la main. Chacune de ses œuvres est un tirage chromogénique unique auquel elle a rajouté, en chambre noire, des couches abstraites de couleur, de lumière, de textures et de motifs. Parfois elle dessine sur ses tirages, à l'encre, à la peinture ou au feutre.

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