Rebels & Dandys

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Au printemps 2021 la Galerie Miranda présente deux séries photo historiques et peu connues qui ont immortalisé la culture "underground" de Paris et de New York à la fin des années 70 et au début des années 80. A cette époque, Gary Green (né en 1956 aux Etats Unis) et Philippe Chancel (né en 1959 en France), étaient de jeunes photographes qui cherchaient leurs voies professionnelles et artistiques. Chacune de leur séries respire une jeunesse fulgurante - la leur mais aussi celle des communautés photographiées.

Philippe Chancel, Rebels - Paris, 1982

A Paris, le jeune photographe Philippe Chancel (né en 1959, en France) décide de se plonger au sein des Vikings et des Panthers, deux gangs de ‘Rebels’ inspirés par la culture et le style de la musique américaines des années 50: cheveux en pompadour, blouson et chaussettes blanches pour les garçons; queue de cheval, créoles et jupes patineuses pour les filles. Chancel s'intéresse au métissage des Vikings, en contraste radical avec les autres gangs composés de blancs et politiquement de droite. Les Vikings prend leur nom des Del Vikings, célèbre groupe de rock'n roll américain des années 50, exceptionnellement composé de noirs et de blancs. A Paris, les Vikings s'allient avec les Panthers, gang de jeunes antillais inspiré par les Black Panthers, leur style emprunté à celui des GI américains. La composition 'black, blanc, beur' de ces gangs est en réaction au racisme croissant de l'époque : en 1983, le Front National obtient un siège aux elections municipales de Dreux après une campagne bâtie sur le lien entre chômage et immigration. De Harlem Désir et du fameux slogan "touche pas à mon pote", on verra par la suite que du pacifisme et à visée multiculturelles. Cela entraînera un clivage identitaire qui aura malheureusement les conséquences que l’on connaît sur la société française et ses radicalisations.


Gary Green, When midnight comes around - New York, 1976-1986

Pendant dix ans, le jeune photographe américain Gary Green est au coeur de la bouillonnante scène de l'underground new-yorkaise sur fond de crise sociale et économique. La délinquence atteint des pic inédits, le crack circule librement, la prostition est visible à chaque coin de rue et les riverains nomment Bryant Park et Times Square 'Needle park' ou 'jardin d'aiguilles', à cause de la grande présence de heroinomaines. Le SIDA ne tarde pas à apparaitre : une époque documentée par Nan Goldin, Peter Hujar et d'autres. La musique est partout dans la ville : Gary Green fréquente les boites de nuit Max's Kansas City, CBGB et le Chelsea Hotel, The Ocean Club, Hurrah’s, Trax et le Village Gate, photographiant des artistes qui deviendront des icônes, "Ces années étaient riches et le milieu musical assez petit, il était facile de plonger dedans, surtout armé d'un appareil photo car la plupart des gens aimait bien se faire photographier." Loin de portraits classiques de celebrités, les photographies de Gary Green sont des documents saisis sur le vif qui immortalisent des personnes et des lieux, symboles d’une ébullition artistique qui marquera l'histoire : Lou Reed, Andy Warhol et Joey Ramone sont là, avec leurs légendaires vestes en cuir et lunettes de soleil, Alex Chilton, Joe Jackson, Tom Waits, David Byrne et beaucoup d'autres. La culture punk et sa pensée alternative ouvrait égalament la porte aux artistes féminines comme Debbie Harry, Patti Smith, Kim Gordon ; plus tard, la chanteuse Chrissie Hynde dira, "La beauté du mouvement punk était que le sexisme n'y existait pas."
A l'occasion de l'exposition 'Rebels & Dandys', le DJ parisien Jean de Lardemelle a composé deux playlists dédiées de 60 titres chacune, qui incarnent l'ambiance des lieux et de l'époque de chacune des séries photographiques à Paris et à New York.