Laura Stevens : Corps d'hommes
5/09 - 31/10/2020

Exposition virtuelle
La Galerie Miranda est heureuse de présenter une exposition de l'artiste anglaise Laura Stevens (née en 1977) de son travail sur le nu masculin. Pour lutter contre l'objectification du corps féminin et contre des stéréotypes de genre qui ont emprisonné les femmes, et les hommes, des expositions majeures ont été consacrées ces dernières années aux représentations du corps masculin : en 2013, le Musée d'Orsay a présenté une exposition sur l'histoire du nu masculin dans l'art, de l'idéal classique au réalisme de Schiele à l'homoérotique de Pierre et Gilles. En janvier 2020, avec en arrière-plan la condamnation de Harvey Weinstein et le mouvement #metoo, le musée du Barbican à Londres a débuté l’année avec l'exposition Masculinities: Liberation through photography avec des œuvres de 55 artistes majeures dont 16 femmes (parmi lesquelles Rineke Dijkstra, Karen Knorr, Catherine Opie, Annette Messager...), qui explorent différents archétypes de la masculinité.

En contraste à ces artistes, les photographies de Laura Stevens ne portent pas de jugement et ne caricaturent la relation à la masculinité. Consciente de son point de vue de femme, elle cherche un autre regard sur le corps masculin. Elle photographie les corps nus des hommes de tous âges avec un regard curieux, ouvert, observateur et sensuel, sans chercher à les érotiser. Elle s'intéresse aux lignes et formes créées par les positions prises par les hommes, elle trouve de la grâce et de l'humanité dans chaque corps, unique par essence. Ainsi exposés, les hommes sont à la fois vulnérables et virils ; musclé et gracile ; à l'aise et timide. Dans une grande simplicité et avec une douce palette photographique près de la peinture réaliste, Stevens saisit leur individualité, exprimant ainsi un regard de féministe contemporaine et profondément égalitaire.

 

" Pour réaliser la séries 'Him' ('Lui'), pendant un an, j'ai invité plus de 50 hommes à se faire photographier chez moi, nu. La plupart étaient des inconnus, c’était donc notre première rencontre. J'ai défait mon lit laissant seulement un simple drap blanc, mon espace le plus intime devenait ainsi l'endroit où chaque homme serait, lui, à son plus intime. Ce serait un cadre sécurisé et aux contours définis, dans lequel je regarderais et où il serait regardé. Être une femme d'une quarantaine d'années qui regarde le corps nu d'un homme m’a étrangement posé problème. En règle générale, le répertoire connu de nus masculins est signé par des artistes hommes. L'univers visuel qui explore la réponse des femmes à la beauté masculine est manquant. Du progrès a été fait dans la reconnaissance de la capacité et du droit des femmes à créer et à recevoir du plaisir visuel, mais le regard masculin domine encore. En poursuivant une certaine façon de regarder et de représenter l'homme, j'ai interrogé les notions de masculinité 'dure' et 'active' qui interdisent 'la vulnérabilité', la douceur' et 'la passivité', des qualités supposées féminines. Se permettre de se faire photographier, d'être l'objet du regard d'un autre, cela implique de lâcher prise et laisser venir des révélations éventuelles, à la fois sur le plan physique et émotionnel. Être l'objet-nu - devenir un nu - pousse encore plus loin cette possibilité de vulnérabilité. Ces hommes m'ont fait confiance pour que je les montre ainsi. Dans cette rencontre, entre lui et moi, que verrai-je ?" - Laura Stevens


Avec cette nouvelle exposition la Galerie Miranda continue d’exposer l'un des sujets au cœur de sa programmation : la présentation d'artistes et de sujets non-conventionnels, que ce soit par la pratique photographique ou par le sujet photographié. L'exposition inaugurale de la galerie présentait le travail de l'artiste Jo Ann Callis, son univers érotique féminin unique et surréel ; puis ce fût le travail de Marina Berio et la relation triangulaire mère-mari/père-fils; la série culte 'Dirty Windows' de Merry Alpern, un monde normalement interdit aux yeux des femmes. Les expositions de Ellen Carey, Nancy Wilson-Pajic, John Chiara et Chloe Sells notamment, incarnent l'autre axe artistique de la galerie, c'est à dire des procédés photographiques expérimentaux et innovateurs.

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